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En proposant une « éthique de la mémoire » qui se décline en 6 recommandations, l’analyse « Usages et mésusages de la mémoire » interroge le rôle joué par la commémoration de la violence dans les dynamiques de sortie de la violence et de création d’un espace public démocratique non violent.

Les conséquences des violences passées amènent très souvent les États, la société civile et les individus à entreprendre un processus de « mémorialisation » dans le but de guérir un traumatisme passé chez les survivants et leurs proches. Si ce travail mémoriel, notamment à travers la commémoration publique, révèle à quel point l’État et la société reconnaissent les souffrances vécues et peut permettre de bâtir un futur sans violence, il peut également être source de tensions.

En effet, le travail mené ici démontre comment la réification de certaines histoires peut être à l’origine de clivages sociaux ou d’une marginalisation lorsque ce travail de mémoire émane de l’Etat. Les gestes symboliques peuvent quant à eux engendrer un retour à la violence lorsque ces derniers s’inscrivent dans une volonté politique de détourner le dialogue des réformes structurelles indispensables.

Puisque la mémoire « opère dans le sillage de la violence » notamment à la suite de violences de masse, ce travail interroge également la relation complexe entre mémoire, oubli et justice et soulève la question de l’oubli et du silence comme de possibles stratégies pour sortir de la violence.

Les recommandations proposées à l’issue du chapitre souligne entre autres la nécessité de prendre en compte l’affliction de celles et ceux qui ont souffert de ces violences et de développer une éthique de la mémoire permettant de reconnaître les souffrances de chacun.