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Lors de la deuxième conversation #IpevLive qui a eu lieu le 25 mai, Nadje Al-Ali (Brown University), Ahlem Bousserwel, consultante et chercheuse sur la question du genre, et Sana Farhat, journaliste indépendante, ont discuté de l’oppression et de la violence fondées sur le genre et envers les femmes.

Les stratégies sexospécifiques visant à réduire la violence sont souvent considérées comme des questions tangentielles qu’il vaut mieux aborder après d’autres préoccupations sociopolitiques. Mais un nombre croissant de preuves identifiées par les universitaires de ce panel indiquent que l’analyse basée sur le genre doit être placée au centre des efforts pour réduire la violence dans la région MENA, des résultats qui ont des implications significatives pour d’autres régions également.

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Résumé

Les trois intervenantes se sont accordées sur la nécessité de dépasser le discours qui place les questions de genre en marge des débats sur la réforme politique et sociale dans la région MENA. Au contraire, comme l’a souligné Nadje Al-Ali, le genre est au cœur de chacun des conflits qui, à première vue, semblent porter sur d’autres sujets. En fait, a-t-elle noté, la seule façon durable de résoudre ces conflits est d’intégrer les questions de genre.

Ahlem Bousserwel et Sana Farhat ont souligné l’importance de changer les mentalités dans la région MENA afin de lutter contre la violence envers les femmes. Sana Farhat a décrit la Tunisie comme un pays démocratique doté d’une constitution qui garantit les droits aux femmes, mais où malheureusement la violence envers les femmes reste répandue, même dans la sphère politique. Selon Ahlem Bousserwel, le changement des mentalités et la construction d’une nouvelle culture basée sur l’égalité des sexes, qui pourrait prévenir la violence sexiste, nécessiteront un effort soutenu pour améliorer l’éducation. 

Selon Nadje Al-Ali, il existe également une idée fausse provenant de l’Occident, qui a tendance à considérer qu’un pays laïc est un pays démocratique. Pour elle, il est important de se rendre compte que les femmes de la région MENA n’ont pas besoin de l’occident pour s’autonomiser. Elles peuvent le faire elles-mêmes et travailler collectivement pour progresser. Le rôle le plus important que peuvent jouer les puissances extérieures à la région, a-t-elle noté, serait de retirer leur soutien aux régimes gouvernementaux qui oppriment activement les femmes. 

De plus, Ahlem Bousserwel a insisté sur les responsabilités des gouvernements et la nécessité pour les femmes d’être entendues par les décideurs. Sana Farhat a souligné le rôle important que les journalistes doivent jouer pour mettre en lumière les conditions réelles, y compris le viol et la violence, qui existent encore aujourd’hui.  

Malgré tout, les trois intervenantes  se sont accordées sur la nécessité de garder espoir que les droits des femmes dans la région progressent, malgré les difficultés. Elles ont souligné le rôle clé joué par la nouvelle génération, qui comprend mieux l’importance de parvenir à une société plus égalitaire entre les sexes.