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Dans la quatrième conversation #IpevLive « The Pandemic as a Magnifying Glass » qui a eu lieu le 8 juin 2021, Rim Turkmani de la London School of Economics, Marie Kortam de l’Institut français du Proche-Orient, Jalel Harchaoui du Global Initiative against Transnational Organized Crime et Tarik Yousef du Brookings Center de Doha ont discuté avec le journaliste Hal Plotkin de la manière dont la pandémie de Covid19 a mis en évidence les faiblesses de la gouvernance dans la région MENA et a contribué à leur crise de légitimité actuelle.

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Résumé

Rim Turkmani a observé que la pandémie a mis en évidence diverses fissures dans le monde arabe. Selon elle, la communauté internationale ne peut se permettre de répondre à la violence dans la région MENA principalement par une réponse humanitaire. Les interventions dans la région devraient plutôt s’attaquer aux problèmes socio-économiques qui sont à l’origine de l’instabilité. Cet argument a été soutenu par Marie Kortam qui a fait valoir que la crise de Covid a eu un impact sur les pays aux niveaux micro et macro ainsi que sur les populations vulnérables tels que les enfants réfugiés, les femmes et les prisonniers. Selon Tarik Yousef, la crisedu Covid 19 est la plus grande crise économique que la région MENA n’ait jamais connue, et démontre l’urgente nécessité d’avoir des Etats compétents et des gouvernements efficaces. Dans le même temps, Jalel Harchaoui a noté que la crise du Covid n’a pas affaibli les régimes autoritaires, comme beaucoup l’avaient espéré, mais au contraire, certains régimes, sentant l’affaiblissement de leurs adversaires, y ont vu une opportunité d’attaquer d’autres régimes. 

De même, Tarik Yousef a souligné le fait qu’au cours des dix dernières années, une grande partie du monde était préoccupée par les espoirs d’une transition démocratique dans la région MENA alors que, dans le même temps, les bureaucraties et les secteurs publics étaient négligés, dans un état de paralysie. « Ce programme que nous avions négligé doit être relancé », a-t-il déclaré. « Nous devons nous occuper de la pauvreté et de la nécessité d’un secteur public viable », a-t-il ajouté. Jalel Harchaoui a ajouté son plaidoyer pour plus de travail de terrain afin de comprendre les changements et les sentiments au niveau local. « Après 12 mois sans travail de terrain, les donateurs ne devraient pas penser que nous pouvons nous en passer, car nous devons retourner sur le terrain », a-t-il soutenu. Marie Kortam a appelé les donateurs internationaux à promouvoir et à écouter les chercheurs et a fait valoir qu’il est essentiel de donner de l’espoir en matière de justice sociale, car le premier moteur des groupes terroristes ou le crime organisé est souvent le sentiment et l’expérience d’injustice. 

Rim Turkmani a insisté sur la nécessité de continuer à prendre en compte la politique même en abordant les préoccupations humanitaires. « Séparer l’aide humanitaire tout en ignorant la légitimité politique, la transparence, l’inclusivité et le droit international n’est pas la solution », a-t-elle soutenu. Tarik Yousef a conclu le débat par une pensée optimiste, affirmant que « la propagation des pandémies et la misère économique ont épuisé les conflits et diminué l’intensité des conflits en Syrie, au Yémen et en Libye. Il y a donc maintenant, a-t-il noté, « une fenêtre de nouvelles opportunités ».