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Le 12 mars 2018, Danièle Joly, co-responsable du groupe de travail IPEV « Femmes et violence, une approche genrée : région ANMO et diaspora« , a présenté son nouveau livre La participation civique et politique des femmes de culture musulmane en Europe et a participé à une discussion avec Michel Wieviorka à la Fondation Maison des sciences de l’homme, à Paris.

Danièle Joly a présenté les limites que le réseau familial étendu (la communauté) ainsi que la société environnante imposent aux femmes issues de pays à majorité musulmane en France et en Europe, tout en soulignant des différences et similarités entre les deux pays.

Selon Danièle Joly, ces limites sont cependant remises en question par ces femmes-mêmes. Concernant les contraintes imposées par la sphère communautaire, les femmes négocient souvent avec la famille et la communauté dans le sens d’une autonomisation accrue. Celles qui sont croyantes justifient leurs actions et leur envie de s’investir dans la société grâce au texte du Coran. Ainsi, l’Islam devient un vecteur d’intégration, car il permet de ne pas rompre avec la famille tout en participant à la société.

Concernant la société environnante, même si de nombreuses aides (notamment à l’école) permettent aux femmes de culture musulmanes de s’émanciper, beaucoup d’obstacles les empêchent de s’investir d’un point de vue politique. En effet, certaines mesures et lois les empêche d’avoir une visibilité dans la sphère publique, notamment les lois françaises interdisant le port du foulard dans l’emploi public et leur fermant la participation dans les institutions publiques. Ainsi, 30% des emplois en France leur sont interdits.

Cependant, les enquêtes de terrain de Danièle Joly et de Khursheed Wadia montrent qu’il est clair que les femmes issues de culture musulmane ont une réelle envie de participation civique et politique. Tant en France qu’au Royaume-Uni, elles sont des électrices assidues et sont extrêmement actives dans le tissu associatif et les associations caritatives. Dans leur but d’augmenter leur capacité d’action et de participation civique et politique, elles mettent en place des stratégies diversifiées et innovantes pour mieux surmonter les obstacles et mettre à profit les facteurs facilitateurs qui traversent les communautés d’origine et la société environnante.

Ces données peu connues sur l’activisme et les aspirations participatives des femmes issues de pays à majorité musulmane ont vocation à enrichir et améliorer les politiques publiques si ces dernières tirent parti des résultats de ces recherches.