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Le Panel international sur la sortie de la violence a organisé du 17 au 19 novembre 2017 avec la Carnegie Corporation of New York et la Carnegie Endowment for International Peace deux tables-rondes à New York et Washington D.C.

Farhad Khosrokhavar, co-responsable du groupe de travail Une lecture comparée de la radicalisation, a présenté l’approche, les résultats et les recommandations de son groupe à la Carnegie Corporation de New York, le principal financeur d’IPEV.

Principaux résultats

  • Les processus de violence se manifestent de façons différentes dans presque chaque pays.

Les djihadistes Français ont des points communs avec les autres djihadistes européens mais il existe également de profondes différences entre eux. Nous avons besoin de comprendre ces différences par le biais du pays d’origine. Dans de nombreux pays, les personnes d’origine marocaine qui passent à l’acte violent sont sur-représentés alors que les personnes d’origine turque sont sous-représentés. Il faut comprendre quelle en est la raison. Il existe un sorte d’effet boule de neige parmi ces jeunes personnes.

  • La communauté est un autre facteur à observer.

Certaines communautés sont cohésives et s’entraident, mais d’autres ne partagent pas ces caractéristiques.

  • La question de la génération est tout aussi importante à prendre en compte.

En France on pourrait dire que c’est la seconde génération qui est la plus dangereuse tandis que cela n’est pas le cas en Norvège ou en Allemagne.

  • L’environnement urbain est d’une importance capitale.

La pauvreté, l’abandon des études, un fort taux de chômage sont des facteurs pouvant avoir un impact sur la subjectivité, et alimenter le sentiment de « n’être personne ». Il y a donc une dimension sociale en Europe en ce qui concerne la radicalisation. Mais on trouve également une minorité de jeunes provenant des classes moyennes parmi les djihadistes.

  • Il faut développer un point de vue anthropologique, sociologique et psychologique pour dépasser les données statistiques qui peuvent être trompeuses.

Selon la façon dont on appréhende la radicalisation et les données statistiques, les résultats sont différents. Pour les comprendre et leur donner du sens, il faut se placer dans une perspective anthropologique, sociologique et psychologique.

  • La géopolitique joue un rôle dans le processus de radicalisation.

La situation géopolitique peut également avoir un rôle dans le fait de devenir un djihadiste potentiel. Par exemple, aux États-Unis, la diaspora arabe a pu ressentir une injustice quant à la situation en Palestine.

  • La djihadisation est indépendante du salafisme.

Le salafisme ne mène pas forcément au djihadisme, mais cela dépend du processus d’islamisation du pays. Par exemple, en France, il n’y a pas de lien entre ces deux phénomènes, mais ce lien est plutôt bien présent au Royaume-Uni.

  • Il faut rejeter les fausses dichotomies.

Par exemple, le travail empirique montre que les deux théories opposées « islamisation de la radicalité » et « radicalisation de l’Islam » n’est pas pertinente, étant donné qu’en France la première est plus susceptible d’avoir lieu alors que cela n’est pas le cas en Norvège ou au Canada. Dans de nombreux pays les deux phénomènes peuvent avoir lieu successivement ou au même moment.