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Biographie

Valérie Robin Azevedo est anthropologue, spécialiste du Pérou. Depuis 2014, elle est professeure des universités de la faculté de sciences humaines et sociales de l’université Paris Descartes. Elle mène des enquêtes ethnographiques dans les Andes depuis une vingtaine d’années. Directrice-adjointe du Centre d’anthropologie culturelle (CANTHEL), elle est notamment responsable de l’axe de recherche « Anthropologie politique, processus mémoriels et mémoires et violence dans les Andes » de l’Institut Français d’Etudes Andines (UMIFRE, MAE).
Elle s’est d’abord intéressée aux productions mémorielles de la guerre qui opposa la guérilla maoïste du Sentier lumineux à l’Etat péruvien au cours des deux dernières décennies du XXe siècle. Sa recherche s’est centrée sur Ayacucho, épicentre du conflit armé qui a fait environ 70.000 morts et 15.000 disparus. Les populations rurales des Andes quechua phones ont été les plus durement touchés. Représentant 75% du total des victimes de ce conflit, ils en ont aussi constitué des acteurs clés. Cette guerre civile s’est poursuivie, une fois achevée, sur le terrain de la mémoire. C’est en effet à ce niveau que se rejoue, autrement, l’opposition entre vainqueurs et vaincus.
Au tournant des années 2000, dans un contexte «post-conflit» qui donne lieu à la création d’une Commission de la vérité, l’évocation de ce passé ressurgit régulièrement sur la scène publique, dévoilant les fractures et les antagonismes profonds qui continuent de diviser ce pays sur le plan politique, économique, ethnique et culturel. Les recherches de Valérie Robin A. ont montré que les mémoires locales et les politiques publiques autour du conflit armé cristallisent des luttes virulentes sur les lectures autorisées de l’histoire, soulignant à quel point les interprétations de ce passé sont loin d’être pacifiées. De véritables joutes rhétoriques de (dé)légitimation autour des figures du terroriste, de la victime et du héros ont vu le jour. Les productions locales du souvenir s’organisent alors dans une relation dialectique complexe entre sphères macro et micro. Il s’est avéré primordial de considérer les jeux d’échelles où ces mémoires de guerre s’inscrivent pour cerner les logiques concurrentielles des acteurs qui s’affrontent dans la mobilisation de cette violence passée.
Son projet de recherche actuel porte sur « Le traitement des morts de la guerre : rituels, productions mémorielles, enjeux politiques », et prolonge ses travaux antérieurs sur les mémoires de la guerre civile péruvienne, mais en les focalisant sur la question du traitement rituel et mémoriel des morts et ses enjeux politiques.