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Le Panel international sur la sortie de la violence a organisé du 17 au 19 novembre 2017 avec la Carnegie Corporation of New York et la Carnegie Endowment for International Peace deux tables-rondes à New York et Washington D.C.

Nadje al-Ali, membre du groupe de travail Femmes et violence, approche genrée : région ANMO et diaspora a présenté l’approche, les résultats et les recommandations de son groupe à la Carnegie Corporation de New York, le principal financeur d’IPEV.


Video | Nadje al-Ali presents her recommendations for exiting violence

Principaux résultats

  • La violence contre les femmes n’est pas un détail sans importance. La violence contre les femmes est une stratégie clé qui est au cœur de la violence sectaire.
  • Il y a un lien entre la militarisation de plus en plus importante de la société et l’augmentation de la violence fondée sur le genre
  • Une approche genrée de la violence indique un continuum de violence. Théoriquement, nous devons considérer la violence dans une perspective genrée comme étant un continuum de violence, et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord, il existe un lien entre ce qui se passe sur le champ de bataille et la violence domestique. Il y a aussi un lien entre la violence ayant lieu avant, pendant et après le conflit. Ainsi, la paix pour les femmes ne signifie pas nécessairement la fin du conflit armé car les femmes subissent la violence lors de toutes ces étapes. C’est pourquoi le terme de post-conflit n’est pas pertinent et ne devrait pas être utilisé dans ce contexte.
  • Il faut s’intéresser au facteurs régionaux, locaux et nationaux. Souvent l’écueil est de considérer que les femmes sont victimes de violence à cause de leur culture ou leur religion au lieu de s’interroger sur les changements d’économies politiques, et le rôle de l’Etat. De plus, tout justifier par le fait du colonialisme et l’impérialisme n’est pas non plus pertinent. Nous devons plutôt nous pencher sur les facteurs locaux, régionaux et nationaux. De plus, dans de nombreux pays comme en Irak par exemple, les politiques, les militants, les chefs de tribus, les autorités religieuses, les familles, ont tous été complices, voire des acteurs dans la violence fondée sur le genre. Cela vient s’ajouter à la complicité de l’occupant qui ferme les yeux sur ce phénomène. En outre, nous devons appréhender le Moyen-Orient de façon transnationale sur ces sujets, à cause des migrations et les mobilisation politiques ainsi que des liens culturels.

Recommandations pour un processus de sortie de la violence

Les politiques d’égalité des genres et des sexes (les contestations des normes genrées) peuvent être utilisées comme test décisif.

Toute discussion devrait prendre en compte la dimension du genre.

La sortie de la violence doit inclure les individus qui travaillent sur les sujets d’égalité entre les femmes et les hommes.

Il faut impliquer les femmes dans les prises de décision. Les femmes doivent être impliquées dans les processus de sortie de la violence. Mais il faut se méfier des quotas qui sont contre-productifs. Par exemple, en Irak, ce sont souvent les proches des hommes politiques qui bénéficient des quotas et ces personnes participent à la production d’idées régressives sur les femmes et leur rôle dans la société. À l’inverse, le cas du Kurdistan est un exemple de véritable transformation de la société. En effet une règle exige que toute forme de pouvoir doit inclure un homme et une femme.

Nous ne devons pas fétichiser ni glorifier les femmes combattantes comme cela semble être le cas avec les femmes qui combattent Daech. Cependant, Nadje Al-Ali reconnaît que dans certaines situations la résistance armée et la lutte peut être le seul moyen d’empêcher davantage de violence. Les femmes combattantes n’ont pas pour seul but de se battre, elle pensent que c’est le seul moyen d’empêcher Daech de prendre le contrôle et de perpétrer des atrocités.

Il faut utiliser avec précaution les politiques étrangères et les éléments de langage qui peuvent être contre-productifs. Nadje Al-Ali souligne l’importance des politiques étrangères et les éléments de langage dans un processus de sortie de la violence. Par exemple, les discours qui établissent une différence claire entre « leurs » femmes et « nos » femmes, ou le fait de comparer les « civilisations » par le biais des vêtements que portent les femmes a en réalité provoqué plus de violence à l’encontre du droit des femmes.